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L'intelligence de nos Malous :

Posté : mar. 23 févr. 2016 13:56
par CHR
Dans l'espèce canine, il est connu que toutes les « races » ne disposent pas des mêmes capacités intellectuelles.

Dans une étude récente et je me méfie comme de la peste des "études récentes" au moins pour deux raisons :

1) En raison des différences qui existent entre les individus. "Les variables" sont très nombreuses.

Si vous réalisez une imagerie du cerveau de deux individus, ils se ressemblent, mais ne sont pas identiques, puisqu’il y a des différences génétiques et d’autres liées à l’environnement. C’est pour cela qu’il n’existe pas deux cerveaux semblables.

Problème: une expérience qui ne fonctionnerait que sur un seul cobaye ne présente aucun intérêt.
Pour rendre leurs travaux reproductibles, les scientifiques les réalisent sur des cohortes d’individus, exactement comme un nouveau médicament est testé sur des dizaines d’animaux, puis d’humains avant d’être mis sur le marché.
Plus le nombre de cobayes est élevé, plus les résultats seront fiables. Et c’est là que le bât blesse: la plupart des recherches s’appuient sur des échantillons trop petits.
Prenons l’exemple des tests où l’on place des rats dans un labyrinthe afin d’évaluer leur mémoire. Pour obtenir une conclusion statistiquement fiable à 80%, il faut au minimum 134 animaux par expérience. Pour monter à 95%, 220 sont nécessaires. Or, en moyenne, les études en question n’en utilisent que 22. Tous domaines confondus (imagerie, modèles animaux, etc.), la fiabilité moyenne des recherches en neurosciences est comprise entre 8 et 31%.

2) Autre écueil mis en avant par Denis Duboule, directeur du pôle de recherche national Frontiers in Genetics et professeur à l’UNIGE: « Les scientifiques ont l’obligation de publier des articles, selon la célèbre règle "publish or perish". Cette course les pousse à multiplier les études et à les réaliser le plus rapidement possible. Ensuite, vous proposez vos résultats. S’ils sont peu significatifs, les meilleures revues (Nature et Science ) les refusent. Alors, vous allez en voir une moins bien, puis une autre, puis une autre… A la fin, il y a forcément un journal que personne ne lit qui les accepte. Le résultat des études sur les neurosciences me paraîtrait plus intéressant s’il n’impliquait que les meilleures revues. Pour autant, Nature et Science ne sont pas exemptes de résultats peu convaincants: "Il s’agit d’un business". Les publications ont besoin de se vendre. Elles préfèrent donc les résultats les plus "sexy", même si leur fiabilité est sujette à caution.»

Venons en à l'étude en question :

Des tests basés sur le nombre de mots assimilables, la capacité d'insertion sociale, le test du miroir et des parcours labyrinthiques font apparaître que le Border Collie peut être considéré comme le plus intelligent des chiens, devant le caniche et le berger Allemand .
Conclusion : l'intelligence seule ne permet donc pas d'obtenir de bons chiens de travail car le Malinois qui "trust les podiums" dans toutes les disciplines et intègre police, gendarmerie, armée, où on ne voit plus que lui, n'apparaît qu'en 22ème position dans cette liste !

Indépendamment des qualités physiques, d'autres capacités mentales s'avèrent nécessaires et indispensables, comme la stabilité caractérielle, la résistance au stress, l'aptitude à la mécanisation (chiens dits "récitatifs "), la faculté de répondre positivement au conditionnement (chiens dits "disponibles "), la pugnacité, le courage, l'influx nerveux …etc...
L'ensemble de ses qualités s'expriment souvent dans ce que les anglo-saxons appellent le « will to please » : le désir de faire pour plaire.

En partant d'un capital génétique donné, propre à chaque individu, on peut également travailler pour augmenter la puissance du processeur et la capacité de stockage du disque dur !

Cela suppose que, dès l'enfance, les connections synaptiques soient sollicitées au maximum. Un travail sur l'homéostasie sensorielle incluant socialisation, sociabilisation et découverte de nombreux milieux différents (ville, campagne, élevage, aquatique, montagneux...) paraît indispensable !

D'où l'importance primordiale que tous les autocontrôles puissent se mettre en place avant le quatrième mois (12 semaines), en mettant le chiot en présence du maximum de situations, bruits ( http://www.universal-soundbank.com/chiens.htm ; il existe des CD audio préenregistrés), animaux de toutes espèces, humains de tous les âges, hommes, femmes, enfants, vieillards, de toutes couleurs, origines, barbus ou chauves, valides à pied, en vélo, mobylette, ou à mobilité réduite, béquilles, chaise roulante, lui faire découvrir la ville, les transports en commun, les fêtes foraines, les marchés, le ramassage des ordures, la campagne, la forêt, la mer, la montagne, etc.............En bref sortir le chiot partout et ce surtout sans attendre les rappels de vaccins il serait alors trop tard. Les chiots sont immunisés par la mère pendant les premières semaines de la vie et ensuite par la première vaccination. De toute façon, aucun propriétaire ne stérilise ses vêtements et ses chaussures avant de rentrer chez lui, pas plus que les autres membres de la famille. Ils apportent donc des germes et des virus dans l'environnement dans lequel le chiot est isolé. Simplement éviter les contacts avec les chiens que vous ne connaissez pas, les animaleries, les refuges, ne le laissez pas boire dans les flaques d’eau et renifler les pipis et cacas des autres chiens ; en bref contentez-vous d'éviter les risques élevés. La socialisation interspécifique est moins stable que la socialisation intraspécifique. Par exemple, des chiots bien socialisés à l'homme à l'âge de trois mois peuvent ensuite développer une peur de l'homme s'ils sont privés de contacts avec des personnes entre 3 et 6-8 mois. A l'inverse, la socialisation interspécifique est maintenue après une absence prolongée de contacts avec d'autres chiens. Contrairement à la socialisation intraspécifique, la socialisation interspécifique doit donc être entretenue pour ne pas disparaître.

Citation :
« C'est parce que le cerveau se développe pendant la grossesse et jusqu'à l'âge de 3 mois environ que cette période est une phase sensible pour l'acquisition de nombreux comportements. Si le chiot rate cet apprentissage, il pourrait ne jamais pouvoir le récupérer.
La richesse ou la pauvreté des stimulations que l'on va fournir au chiot en développement vont induire la compétence ou l'incompétence du cerveau, ainsi que l'harmonie ou la dysharmonie des comportements. Certaines étapes sont essentielles; il faudra les comprendre.»
Docteur Joël Dehasse

Re: L'intelligence de nos Malous :

Posté : mar. 23 févr. 2016 19:47
par Topawok
Merci pour ce post super intéressant.

Re: L'intelligence de nos Malous :

Posté : mer. 2 mars 2016 10:47
par CHR
Je complète par une théorie qui fait consensus dans les milieux scientifiques :


En milieu naturel, l'évitement des nouvelles espèces passée la période sensible favoriserait la survie des jeunes, en les protégeant contre les prédateurs. Jean-Pierre Changeux ( https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Pierre_Changeux) propose un modèle qui explique cette faculté par ce qu'il a appelé la stabilisation sélective des synapses :

Le cerveau du chiot se développe en trois phases : ( le développement nerveux correspond à la phase de réaménagement synaptique et a la phase de mort neuronal ) .

1) Une phase de développement chaotique qui se termine vers l’âge de 10 semaines. Au cours du développement de l’embryon puis du nouveau né, le cerveau multiplie les cellules et les contacts sous l’influence d’un programme génétique. La boîte crânienne se remplit de cellules.
2) Une phase de maturation des cellules et des contacts. Quand un contact entre deux cellules a fonctionné, il a émis des molécules chimiques qui on fait réagir la cellule réceptrice. Cette cellule mûrit. La base est en place à environs 3 mois. Il restera encore à fignoler et à parfaire d’autres étapes, mais tout est préprogrammé à 3 mois.
3) Une phase suicidaire qui nettoie tout ce qui n’a pas mûri. Cette phase se termine vers l’âge de 3 ou 4 mois. Toutes les cellules et les contacts n’ayant pas fonctionné seront supprimés.

D'où l'extrême importance pour le futur de nos Malous qu'une imprégnation ait pu être réalisée de la manière la plus complète possible dans le monde des humains, sans oublier celui de leurs congénères, tout en ayant pu acquérir les deux autocontrôles indispensables que sont : le contrôle de la morsure et le contrôle de la motricité volontaire, avant l'échéance de leur 4 mois !

Un chien et nos Malous ne font pas exception, vit à 95 % sur un mode “habitude” et ne se complait que dans ce mode. Un chien n’est bien dans sa tête et dans son corps que lorsque la situation vécue à l’instant présent est habituelle et EXACTEMENT habituelle aux situations déjà expérimentées et vécues comme bonnes.